vendredi 23 mars 2012

Synthèse conférence SKEMA/OFCE "Quel avenir pour l’industrie en France dans une économie mondialisée ?"

Ce mercredi 21 mars avait lieu une passionnante conférence organisée par SKEMA et l'OFCE sur l’avenir de notre industrie (voir annonce sur le blog), en présence de patrons d’entreprises et d'économistes des meilleurs instituts. Notre ami Guy Debaux, Président du Club Métiers IE de SKEMA en a fait une intéressante synthèse diffusée aux membres du Club IE sur Linkedin, que nous vous proposons de partager également ici.

"Bravo et merci aux organisateurs de la conférence, à Pascal Junghans pour l’animation, et aux intervenants, pour leur envie de partager le concret de leurs situations et perspectives !

JL. Gaffard a mesuré le déclin industriel français sur les dernières années, en montrant les limites des « fausses » solutions comme le coût du travail France/Allemagne (supérieur en fait en Allemagne), l’acheter français, les délocalisations (l’Allemagne délocalise la fabrication de composants, et assemble en central).
Il est rejoint par D. Ferrand qui pointe la forte dégradation de l’EBE industriel en France par rapport à l’Allemagne (la France faisait 70% de l’EBE allemand en 2000, 30% maintenant).
Pour lui, la taille réduite de nos PME continue de poser problème, et dès qu’une PME réussit, elle est absorbée par un grand groupe. On remarque aussi la force de l’écosystème à l’allemande entre grands groupes et PMEs, les premiers aidant toujours les secondes à l’international, alors que nos groupes vont souvent chercher le low cost sur le marché extérieur qu’ils adressent (F. Muteau)…

M. Depeyrot a rapporté l’histoire douloureuse de la société qu’il a créée ; après des vicissitudes kafkaïennes entre COB et CNC, elle est reprise par un fonds américain sur ramassage boursier.

F. Sanchez confirme le diagnostic du déclin industriel (la VA industrielle faisait 35% du PIB en 1980, 15% maintenant). Il propose un optimisme réaliste pour une relocalisation industrielle en Europe, basé sur les tendances fortes:
  • Hausse des coûts de transport, taxe CO2.
  • Gestion de supply chain plus facile en local.
  • Pression des opinions publiques sur les normes ESG (ex. Apple).
  • Hausse des coûts salariaux dans les émergents.
  • Guerre des devises.
E. Heyer rappelle que la baisse des coûts du travail en Allemagne par la TVA sociale facilite les exports et freine les imports, avec des impacts négatifs surtout en…Europe (attitude non-coopérative) ; rôle positif des 35H dans l’évolution de la productivité (confirmé par les 2 PME).

D. Ferrand a introduit un indicateur précieux, avec la perception du prix/qualité. On voit alors Allemagne>France>Chine !

Sur une question de C. Soutra à propos des critères ESG dans le développement à l’international, M. Sanchez nous explique comment, après plus de dix ans de recherches, Fives durcit son avantage compétitif en innovant dans le traitement de l’acier : remplace le décapage chimique par un autre process, moins couteux, non polluant (au fait, comment protège-t-il ce savoir faire, brevet/secret ?).

Parmi mes points d’étonnement, celui-ci concernant la séparation physique de la R&D et des ateliers de production : les allers-retours étant nécessaires pour garantir la faisabilité des projets et prototypes (Fives). J’aurais pensé que des solutions de co-design comme Catia (Dassault Systèmes), partageant en temps réel le même objet technique sur le web, auraient permis de s’affranchir de la proximité pour mener le développement à terme, avec des modifications et évaluations en ligne…

Conclusion : rien n’est vraiment perdu, l’industrie est un monde riche de développements et d’opportunités. Tous appellent à en diffuser une nouvelle image (influence ?...) et à dynamiser la formation aux métiers techniques, tout en facilitant les passerelles techniciens/ingénieurs…
Un autre monde…à portée de main !"

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