mercredi 20 avril 2011

La sécurité privée comme enjeu public

Du colloque organisé par l’INHESJ (Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice, ) et le CDPS (Cercle des Dirigeants Propriétaires de Sécurité) à l’Ecole militaire, le 5 avril 2011, sur le thème "sécurité privée : enjeu public ?" beaucoup de choses sont à retenir mais peu apportent une meilleure lisibilité de la situation et de l’avenir de la relation privé/public dans le secteur de la sécurité privée.

Si les interventions des uns et des autres nous permettent de comprendre l’urgence dans laquelle nous nous trouvons au regard de la sécurité privée en France et des enjeux sociétaux qui en découlent, force est de constater que le chemin à parcourir est encore long. Les représentants présents, ceux de l’Etat, ceux du secteur de la sécurité privée et les acteurs du marché, semblent avoir pris conscience de la situation et de la nécessité à travailler ensemble pour réguler et professionnaliser un secteur souffrant d’un fort déficit d’image auprès de la population.

Si un consensus existe entre les différents partenaires sur l’enjeu du contrôle du secteur de la sécurité privée par l’État, seul à même de le réguler, de nombreuses questions sont encore sans réponse: comment l’État peut-il parvenir à déléguer certaines des activités de sécurité ? Comment différencier activités de sécurité publique et privée ? La création du CNAPS ( Conseil national des activités privées de sécurité), nouvelle autorité de régulation et de contrôle de la profession, semble alors constituer une étape décisive de la réflexion sur la sécurité privée en France et un outil de la moralisation de la profession et du secteur de la sécurité privée.

Liens/en savoir plus:
Cyril Robin

mardi 12 avril 2011

Réseaux sociaux réels & Réseaux sociaux en ligne (2/2)

Partie 2.
Consulter la première partie.

Face à la multitude de connexions que nous possédons, il est clair que nous décidons rarement de manière isolée et objective. A l’inverse, nous avons de plus en plus tendance à systématiquement nous référer aux autres.
Ceci s’explique notamment par l’« infobésité » à laquelle nous sommes de nos jours confrontés et qui nous amènent à adopter de nouveaux comportements afin de contre balancer nos incapacités (cognitives et temporelles) à tout traiter et mémoriser.
En effet, les incertitudes liées à ce flux grandissant rendent plus compliqué la collecte et l’analyse des informations par les individus et peut entrainer en conséquences des difficultés en termes de choix à faire et d’actions à mener.
Nous utilisons alors notre réseau de relations pour nous aider à nous guider dans nos prises de décisions, en partant du principe que celui ci possède la connaissance utile qui nous fait défaut (ce qui replace l’humain dans sa position légitime vis à vis de cette dernière).

Se pose alors la question de l’influence entre personnes, qui est un phénomène plus complexe qu’il n’y paraît : L’influençabilité y est aussi importante à prendre en compte que la force d’influence (d’autant que plus le nombre de personnes donnant ses opinions est grand, moins celles ci nous touchent).
Les facteurs à considérer pour l’un des individus comme pour l’autre sont les caractéristiques leur réseau social (taille, interconnexions, flux et persistance des messages) mais également les expériences passées de chacun.
Ainsi, le rôle que les « grand influenceurs » (notamment sur le web) ont sur un groupe est surestimé : le plus gros de l’influence est au final exercé par les personnes qui font partie de notre entourage (c’est à dire les gens physiquement autour de nous mais aussi et surtout les personnes proches émotionnellement).

Cependant, quelque soit la force des liens sociaux, la confiance reste une notion centrale dans la garantie et la sécurisation des échanges d’informations. Elle est certes très présente dans nos interactions avec nos liens forts, mais également dans celles avec nos liens faibles et nos liens temporaires.
La prise en compte ou non de recommandations se fait en effet sur la base de l’identité et de l’e-reputation de la personne émettrice. Elles permettent notamment d’identifier une connaissance de la vie réelle ou encore de savoir si l’on devrait accorder sa confiance à un inconnu vis à vis des informations publiées.
Il faut toutefois souligner le fait que nous avons une identité multiple car adaptée à nos différents groupes indépendants de relations : une dimension qui, là encore, ne se retrouve pas vraiment intégrée dans les réseaux sociaux en ligne actuels.

D’autre part dans le monde réel, la portée de notre comportement en public est souvent limitée à celle du regard des gens dans le lieu où nous nous trouvons. Bien sur, ces personnes peuvent parler à d’autres de nos actions (commérages) mais ceci est peu persistant. Nous pouvons donc généralement contrôler ce que les autres savent de nous.
Dans le monde du web social, les choses sont différentes car ce qui est publié dans l’espace public devient directement accessible à tout le monde et cette fois de manière persistante. En conséquence, la connaissance que les autres peuvent avoir de nous même devient cette fois beaucoup plus délicate à gérer.
Ceci amène les gens à beaucoup plus se soucier de la façon dont ils apparaissent sur le web social et de la confidentialité de certaines leurs informations. Ainsi, gestion de l’identité et maintien de la vie privée sont des notions vitales au développement de la confiance entre les personnes et envers les réseaux sociaux.

Dans son ouvrage « Communauté et Société », le sociologue et philosophe Ferdinand Tönnies fait état de la désocialisation des individus lors de la transition de l’une à l’autre, qui s’est opérée pendant la révolution industrielle avec l’urbanisation et l’exode rural.
En effet, les différents espaces sociaux dont faisaient partie les individus était jusqu’alors superposés et reliés : ils sont devenus fragmentés, hermétiques et découplés ce qui a conduit à une faible diffusion et circulation d’information entre ces derniers.
L’arrivée d’internet et de ses réseaux sociaux a ainsi permis de réhabiliter ce partage en abolissant le frein de la distance physique. Ceci s’est traduit notamment par la création de nouveaux types de communautés, basées cette fois essentiellement sur des liens faibles.
Cependant, l’émergence récente de services tel que Google+ montre actuellement que l’espace social du web est en train d’évoluer en s’orientant vers la prise en compte de la distinction entre nos différents cercles de relations et la force des liens.
Les « outils » du monde virtuel semblent donc être en voie d’atteindre la maturation nécessaire permettant d’être « effilient » dans la gestion de notre capital social de manière harmonisée vis à vis de nos usages dans la réalité sociologique.

lundi 11 avril 2011

Réseaux sociaux réels & Réseaux sociaux en ligne (1/2)

L’étude des réseaux sociaux est un champ théorique de la sociologie dont les débuts remontent aux années 1960 avec notamment la mise en évidence du phénomène du petit monde par le psychologue Stanley Milgram.

Cette dernière décennie, ce domaine a pris un essor considérable avec l’avènement des NTIC, du web 2.0 (ou web social) et comment ceux ci ont bouleversé la manière de gérer nos relations avec les autres en se couplant aux réseaux sociaux réels préexistants.

Face à cette augmentation des interactions en ligne entre personnes, il devient nécessaire et opportun de comprendre les principes sociologiques fondamentaux sous-jacents, au delà de la technologie elle même qui évolue constamment.

Ces modes de connections et les nouveaux usages qui en découlent ne cadrent ainsi pas tout à fait avec les modèles théoriques actuels et leurs impacts sur la société sont actuellement l’objet d’exploration par les sciences sociales et cognitives.


Les réseaux sociaux ne datent pas d’hier et font même partie intrinsèque de nos façons de fonctionner. Ils répondent notamment à 2 besoins supérieurs, identifiés par le psychologue Abraham Maslow : le besoin d’appartenance et le besoin de reconnaissance.

Le premier se traduit par la recherche de communication, d’expression et d’intégration dans un groupe. Il s’agit notamment de se sentir accepté et, conséquence logique, de ne pas se sentir seul ou exclu.

Le second se traduit par la recherche d’un statut, d’une estime de soi et de l’obtention du respect des autres. Il s’agit notamment de se valoriser et d’être reconnu au travers d’une activité (tant de travail que de loisir).

Un individu va ainsi avoir différents groupes indépendants de relations (très difficiles à mélanger) formés au cours des étapes de sa vie ou bien après une expérience commune partagée ou encore grâce à un hobby (typiquement de 4 à 6 et jusqu’à une dizaine).

Cependant, force est de constater que la plupart des sites de web social n’intègre pas correctement cette réalité en ne proposant des interactions qu’avec une seule et même liste d’ « amis » indifférenciée au lieu d’une audience choisie.

Cette notion d’ « ami » est d’ailleurs elle même biaisée. En effet, 85% des groupes dont fait parti un individu ne contient pas le mot « ami » dans sa désignation. En outre, plus de la moitié de ces groupes sont identifiés de manière unique.

Face à une telle diversité, il devient clair que le terme « ami » soit insuffisant à décrire ses propres groupes et/ou amis : différents types de relations, ou liens sociaux, rentrent ainsi en ligne de compte pour pouvoir faire la nuance.

Le lien social permet de transformer un simple groupe d’individus en une véritable communauté en fonction de sa force. Pour le sociologue Mark Granovetter, il s’agit d’une combinaison de la quantité de temps, de l’intensité émotionnelle, de la confiance mutuelle et des services réciproques qui y sont investis.

Les liens dits forts concernent donc ceux que nous avons avec les gens qui nous sont le plus proches, auxquelles nous tenons le plus (famille, meilleurs amis, voire certains collègues de travail) et avec qui nous interagissons le plus fréquemment : cela représente typiquement une dizaine de personnes.

Les liens dits faibles concernent plutôt ceux que nous avons avec des connaissances, des personnes rencontrées récemment, des amis d’amis : des personnes avec lesquelles nous interagissons moins fréquemment. Cognitivement, nous ne sommes capable de maintenir qu’un nombre limité de ces liens, à savoir environ 150 (Nombre de Dunbar).

Alors que les liens forts peuvent conduire avec le temps à l’émergence d’une pensée groupale au sein d’un même groupe, les liens faibles permettent quand à eux de se relier à une plus grande variété d’informations, d’idées et de façons de penser.

Face à ces différents réseaux de liens (et les trous structuraux qui en découlent), nous tendons ainsi à mettre en place une gestion stratégique et rationnelle de nos relations de manière à optimiser l’efficacité des liens forts et la diversité des liens faibles (Effilience).

Un apport majeur des réseaux sociaux en ligne est donc de faciliter considérablement les reconnections avec nos liens faibles, moins évidentes à l’époque du téléphone et de l’e-mail. En effet dans le monde d’internet la proximité géographique n’est plus de rigueur : seule reste la proximité sociale.

Ils ont également conduit à l’apparition d’un nouveau type de lien, supplémentaire aux précédents liens forts et faibles : les liens temporaires, dont l’importance va grandissante dans le web social.

Il s’agit de relations avec des personnes non connues, si ce n’est au travers de la conversation que l’on a avec elles ou par leur profil en ligne, et avec qui nous avons des interactions qui ont moins de chances de conduire à en avoir de nouvelles.

En effet, un échange unique en ligne avec quelqu’un critiquant un produit, répondant à une question sur un forum ou encore commentant une de vos productions est devenu de nos jours quelque chose de très commun...

Consulter la partie 2.

lundi 4 avril 2011

"Intelligence Economique : quels enjeux au XXIe siècle ?" 7 avril 2011 - Sophia Antipolis

SKEMA Conseil, junior-entreprise de SKEMA Business School, organise le 7 avril 2011 à 18h00 sur Sophia-Antipolis une conférence sur le thème "Intelligence Economique : quels enjeux au XXIe siècle ?".

Points abordés
  • Quelle posture adopter face à l’ouverture des frontières et l’interconnexion des économies ?
  • Comment soutenir la croissance et la compétitivité de son entreprise à l’échelle mondiale tout en préservant ses intérêts particuliers ?
  • Quels sont les nouveaux modes opératoires concernant les relations entre influence et Etat, ou la définition du risque pour les entreprises ?

Participeront à cette conférence :
  • Claude REVEL, Directrice Scientifique du Mastère Spécialisé en Intelligence Economique et Management des Connaissances de SKEMA (MS IEMC), professeur et responsable du pôle Intelligence Economique de SKEMA.
  • Eric DELBECQUE, Directeur de la sécurité économique, Institut National des Hautes Etudes de Sécurité et de la Justice (INHESJ), partenaire du MS IEMC.
  • Jean-Pierre BLANC, Directeur Général des Cafés Malongo à Nice.
  • Michel-Henry BOUCHET, Professeur de Finance et Risques à SKEMA.
  • Alice GUILHON, Directrice générale de SKEMA Business School.

La conférence sera suivie d'un cocktail dinatoire.

Plus d'information et inscription en ligne sur le site de SKEMA Conseil.

Liens