mardi 29 juin 2010

La CIA sous-traite ses renseignements

La SMP (Société Militaire Privé) Xe vient de signer un contrat de 120 millions de dollars avec la CIA. Ce contrat porte sur un mandat de 18 mois pour venir en appui à la protection des consulats américains de Herat et de Mazar-i-Sharif dans le nord de l’Afghanistan.

A cela rien d’étonnant car ce n’est pas la première fois que le gouvernement US utilise des mercenaires pour se "substituer à leur rôle" dans des zones fragiles. Toutefois, cette annonce sonne comme une évolution majeure car, sous ce contrat, une autre société filiale de Xe prendra part au mandat : TIS – Total Intelligence Solutions.

En effet, c’est pour le monde du renseignement une grande première qu’une agence telle que la CIA affiche semi-ouvertement qu’elle déléguera ses activités, tactique et stratégique, sur un secteur géographique au profit d’une agence privée.

Pour mémoire, TIS est filiale de Xe depuis 2007 et était principalement active en intelligence économique, dans les renseignements privés et dans la formation avant de décrocher ce contrat. En outre, la maison mère Xe Compagny, anciennement nommé Blackwater, avait défrayé la chronique en 2007 lors d’une intervention raté à Bagdad tuant 14 civils.

CSM

Plus d'informations et sources :

lundi 28 juin 2010

L'avenir des réseaux sociaux, intervention à l'Institut Diderot

Compte rendu du "Dialogue du matin" de l'Institut Diderot sur "L’avenir des réseaux sociaux" (22 juin 2010) par le Dr. Pablo Argon, Manager "Group Program" de la division "Entertainment and Devices de Microsoft" (Redmond, USA).

L’Institut Diderot est un institut français créé début 2009 qui participe au débat public au moyen de diverses interventions et publications. Il a, d’après sa propre Charte, pour triple objectif de :
  • «Rapprocher dans une démarche prospective commune les deux mondes de la recherche - sciences de la nature et sciences de l’homme - du monde économique.
  • Contribuer à libérer la réflexion sur la société des partis pris idéologiques périmés qui pèsent encore sur elle.
  • Agir à l’échelle internationale pour la diffusion du concept et des valeurs réactualisées de l’économie sociale. »
Avant tout, Pablo Argon nous a communiqué sa définition des réseaux sociaux. Il s’agit d"’un service en ligne permettant de publier publiquement un profil, de définir une liste d’utilisateurs étant le réseau, et de parcourir cette liste pour visualiser les connexions de mes connexions".

Pablo Argon fait remonter l’histoire des réseaux sociaux à 1987. D’autres développements ont suivi en 2000 et 2002, puis en 2003 c’est l’avènement de MySpace et en 2004 de Facebook qui compte aujourd’hui 400 millions d’utilisateurs (ndlr: profils créés en comptant les doublons et les comptes non utilisés) dans le monde. Ce réseau pose en outre les problèmes de confidentialité que nous lui connaissons, notamment au travers des applications qui captent et exploitent certaines de nos informations (photos, lieux…). Aujourd’hui nous ne pouvons que constater un usage intensif des moyens numériques, en particulier par les natifs numériques des années 80 et 90.

Se pose alors la question suivante : qu’est-ce qui motive les utilisateurs à partager un tel volume de données ? En réalité nombres d’utilisateurs ne conçoivent pas les risques liés à cette surexposition numérique. Les bénéfices de cette utilisation semblent être d’exprimer son identité et de se mettre en avant. Pablo Argon parle de "hearding behaviour" : le fait d’appartenir à un réseau social nous oblige à y participer pour affirmer notre identité dans ce milieu social.

Mais ne nous y trompons pas, l’utilisation des réseaux sociaux peut aboutir à des conséquences très concrètes telles que des arrestations ou des licenciements. Les risques directs commencent à être de plus en plus pris en compte.

D’un point de vue philosophique, bien souvent, le discours relatif à la vie privée illustre la crainte de la surveillance. Mais cette philosophie du « je n’ai rien à cacher ; et si j’ai quelque chose à cacher c’est quelque chose de mal » trouve rapidement ses limites. En effet la "trainée digitale " que nous laissons derrière nous dans les messages, les photos, etc., représente autant de données pouvant êtres stockées et annexées par des tiers et utilisées à notre insu. Il s’agit là de données dispersées qui échappent à la surveillance de la CNIL pour la France.
Ces réseaux sociaux permettent d’explorer des formes de relations nouvelles (il est par exemple possible de changer son genre ou d’avoir des avatars dans des mondes virtuels). C’est là le paradoxe de l’identité digitale: nous pouvons inventer autant d’identités que nous le souhaitons, mais nous nous retrouvons piégés par l’histoire de ces identités que nous nous sommes créés puisque tout est gardé sur le net.

Concernant les relations entre entreprise et web 2.0, Pablo Argon rappelle qu’il existe un clivage entre les relations sociales et marchandes: chacune de ses relations constitue un mode particulier obéissant à des règles différentes. Le mélange de ces groupes de règles crée selon lui de la confusion et peut aboutir à l’effet inverse recherché. Ainsi les entreprises présentent sur les réseaux sociaux prennent le risque de se voir reprocher cette existence sociale. Personnellement, et sans avoir la prétention de remettre en question le point de vue de l’intervenant, je pense que pour certaines entreprises la présence sur les réseaux sociaux devient nécessaire et constitue un avantage plus qu’un handicap. C’est notamment le cas pour les entreprises visant un public jeune. En outre, nous observons ces dernières années le développement de la présence d’entreprises du secteur du luxe, sur Internet en général, et sur les réseaux sociaux en particulier ; il est désormais fréquent pour ces entreprises d’avoir une page Facebook a minima

Pour conclure, Pablo Argon a partagé avec nous ces incertitudes pour le futur. Il est probable qu'à l'avenir nous aurons tous des terminaux portables nous permettant d’être continuellement connectés. De même, il semble que nous allions vers un métissage entre réseaux sociaux et réalité virtuelle. Second Life peut ainsi permettre aux entreprises de faire leurs réunions sans se déplacer ; il existe également des sites de rencontres virtuels ; et les serious games peuvent participer à l’apprentissage. Enfin, l’intervenant a évoqué la possible émergence d’alternatives aux réseaux sociaux centralisés, avec par exemple "Disapora" qui est un projet open source pour mener l’identité numérique de manière plus sure sans stockage des données. Pour autant, dès lors que les données deviennent publiques, elles pourront toujours être captées et pérennisées par des tiers.

L'enregistrement audio complet de ce Dialogue est disponible ici, sur le site de l'Institut Diderot.

Aline GOLETTO-DIDIER

mardi 15 juin 2010

"Ce gaz": une chance ou une malédiction ?

Quel serait l’impact de la découverte des immenses champs de gaz dans l’est de la méditerranée?
De nouvelles études ont montré l’existence des nouveaux sites de gaz qui s’étendent dans les eaux internationales entre le Liban, Israël et Chypre, pouvant entrer aussi dans les eaux territoriales de certains. En tout cas, que cela soit dans les eaux territoriales ou non d’un de ces pays ne fait pas une grande différence puisque, dans ce petit espace de mer, le gaz appartient au pays dont les cotes sont les plus proches. Ce qui va mener à avoir des zones de gaz partagés.

Une petite explication technique:
D’après la convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, la "convention de Montego Bay": chaque Etat a le droit d’avoir une Zone Economique Exclusive – ZEE, où il pourra exploiter les ressources naturelles que s’y trouvent. La ZEE s’étend théoriquement jusqu’à 200 milles marins (1 mille marin = 1 852 m) des cotes de l’Etat, beaucoup plus que les 12 milles marins qui forment la largeur de ses eaux territoriales.
La convention de Montego Bay prévoit que lorsque les lignes côtières de deux États sont distantes de moins de 400 milles marins, ce qui est le cas dans toute la Méditerranée, la limite séparant leurs ZEE doit être fixée d’un commun accord, sinon la séparation entre les deux ZEE se fait à égale distance des lignes côtières pour séparer équitablement l’espace marin.

Ce gaz serait il la cause d’un nouveau "réchauffement" dans la région et de la montée des tensions entre Israël et le Liban allant jusqu’ à une nouvelle explosion ? Ou bien, l’Europe en général, et en particulier la France, va travailler afin de "calmer le jeu" pour pouvoir profiter de cette nouvelle source d’énergie à proximité de l’Europe.

Cela représente une grande opportunité pour les grands groupes pétroliers comme Total, ainsi que pour les pays européens intéressés par l’importation de ce gaz à un coût de transport relativement bas.
Alors la France est invitée à saisir cette opportunité pour "marquer des buts" en politique et en économie à la fois.

La France "est invitée", en vue de sa bonne relation entre ces 3 pays, à être pionnière pour parrainer un partage équitable entre eux ou à assurer la mise en œuvre d’un tribunal international qui pourrait trancher en toute objectivité et impartialité. Ceci lui permet de reprendre sa position privilégiée dans cette région et de se placer en première ligne pour pouvoir profiter de cette nouvelle source d’énergie, tout en améliorant son image, récemment détériorée dans certains pays de cette région.

Il semble que si on n’arrivait pas à un partage équitable, aucun pays ne pourrait exploiter cette nouvelle richesse sans susciter des nouveaux conflits dans cette région déjà instable…

D’où la question qui se pose :
Ce gaz: une chance ou une malédiction ?
Roger Abi Saad

vendredi 11 juin 2010

La "market intelligence" en 2015 par Global Intelligence Alliance

De retour de Helsinki il y a quelques heures, où se déroulait une conférence internationale sur la Strategic Market Intelligence organisée par la Global Intelligence Alliance (GIA), Stéphane Rosenwald a présenté en avant première lors de la conférence "Où va la veille" du salon I Expo le 10 juin 2010, les grands résultats de l'étude lancée par la GIA sur le futur de l'intelligence économique, tel que perçu par 150 directeurs/responsables des services de market intelligence.

La Global Intelligence Alliance est un groupe mondial leader de cabinets indépendants en conseil stratégique et en Market Intelligence ; notion traduite par Intelligence Economique par Stéphane Rosenwald. Ce dernier a fondé le cabinet RV Conseil - Real Value Consulting qu'il dirige depuis 2004, et qui représente la France au sein de la GIA depuis 2008.

En attendant que ne sorte le livre blanc officiel et que ne soient communiqués en conférence officielle les résultats, je me permets de vous livrer les grandes tendances qui nous ont été prédites.

Concernant les outils en 2015, il semblerait que les flux RSS, les agrégateurs et les webcasts videos constitueront le mode préféré de diffusion de l'information.
Les futurs sujets phares seront notamment les notions d'intégration des outils, d'implication des médias sociaux, de tableaux de bord, et de smartphones.
Les zones géographiques qui vont intéresser les professionnels de la market intelligence seront la Chine et ses environs, la zone Asie Pacifique et l'Amérique Latine.
Quant aux thèmes majeurs en 2015 il s'agira, dans l'ordre de priorité, des concurrents, des clients et des utilisateurs finaux.
Il semble que les livrables en 2015 seront fondés sur le dialogue au moyen de réunions entre les responsables de la market intelligence et les décideurs. Nous nous orientons donc vers des livrables personnalisés et de la co-création ou co-conception.
Concernant les process, l'on retouve les idées de co-création de l'intelligence, de risk management et de market intelligence dans les processus de décisions.
Sur l'organisation, prédominent les notions d'articulation et d'orchestration de la market intelligence pour que les démarches de market intelligence se répondent et créent de la valeur grâce à des équipes constituées de talents complémentaires.
Enfin pour faire émerger la culture de market intelligence dans l'avenir les éléments qui arrivent en tête sont le soutien du management, le ROI/création de valeur, et la nécessité d'organiser le marketing de la veille et de l'intelligence économique.


Les résultats complets seront communiqués le 23 juin 2010 sur le site de la Global Intelligence Alliance.
Vous pouvez avoir accès au bulletin ici, et pour s'inscrire au Webinar cela se passe ici.

Aline GOLETTO-DIDIER

jeudi 10 juin 2010

Changement de format pour le mastère en Intelligence Economique de SKEMA

SKEMA Business School, l’école de l’économie de la connaissance, propose depuis 1996 une formation spécialement dédiée à l’Intelligence Economique: le Mastère Spécialisé Intelligence Economique et Management des Connaissances (MS IEMC). Cette formation complète, adaptée aux besoins, contraintes et perspectives des entreprises dans nos marchés globalisés, est dispensée depuis 2009 sur Paris.

Dès sa prochaine rentrée, en janvier 2011, la formation sera organisée sur un an, à raison d’une semaine par mois de cours. Ce programme s’adresse à des étudiants et à des cadres en activité, de niveau Bac + 5 ou équivalent, désireux de compléter leur approche des affaires dans le cadre d’une formation continue. Ce cursus permet d’enrichir ses compétences initiales par une approche innovante mais également d’accéder aux métiers spécifiques de l’intelligence économique (veille et analyse, prévention des risques, lobbying, prospective…).

La formation IE de SKEMA se distingue par:
  1. son caractère international, renforcé par des cours en anglais (40 %), sur des thématiques comme la géoéconomie, les acteurs clés mondiaux, les risques pays, le management interculturel…
  2. son éventail complet d’enseignements théoriques et pratiques:
    1. connaissances (compétition internationale, organisations européennes et mondiales, développement durable et responsabilité sociale, relations entre ONG et entreprises, information et médias…)
    2. méthodes et outils (techniques de recherche et traitement de l’information, sécurisation, gestion de l’information et du capital immatériel de l’entreprise, influence et lobbying professionnels…)
    3. études de cas /séminaires sur les fonctions et les métiers de l’intelligence économique ;
  3. le haut niveau de qualité de ses intervenants académiques et professionnels
  4. son caractère managérial et opérationnel ;
  5. sa proximité avec les acteurs économiques privés et publics.

Labellisé par la Conférence des Grandes Écoles, ce programme est conforme au Référentiel en intelligence économique établi par les instances officielles de l’IE. Les enseignements ont été conçus sous la supervision d’Alice Guilhon, Directrice Générale de SKEMA et membre du Conseil de sécurité économique du ministère de l’Intérieur, et de Claude Revel, Professeur affiliée à SKEMA, praticienne de l’IE et des relations internationales.

A propos de SKEMA Business School: déjà 1ère école française en nombre d’étudiants, 2e en nombre de professeurs, 3e en terme de budget, SKEMA Business School souhaite démultiplier dans les prochains mois les potentiels de ses 2 écoles fondatrices, le CERAM Business School et le Groupe ESC Lille, pour le bénéfice de ses étudiants, diplômés, entreprises partenaires et ses territoires. Désormais, l’école est présente sur 6 sites: 3 en France (Lille, Sophia-Antipolis, Paris), 1 en Chine (Suzhou) 1 au Maroc (Casablanca) et 1 aux Etats-Unis (Raleigh).

En savoir plus/liens:

mardi 1 juin 2010

Apple, la Chine et l'intelligence économique : désamour

Il n’aura fallu que cinq jours pour qu’apparaissent les premières contrefaçons de l’iPad en Chine. Dénommé l’iPed ou aPad à en croire la chaîne de télévision japonaise TBS. Le produit s’apparente de l’iPad par ses fonctionnalités, ses performances ainsi que son design. Seul le prix diffère, il faut compter 105 dollars pour acquérir l’appareil dans un magasin d’électronique à Shenzhen en Chine.

La question soulevée est double, comment en cinq jours une copie de « bonne qualité » (à en croire le site TECH qui a effectué un test) peut elle être produite : Démarche d’IE d’un fabriquant chinois à l’encontre d’Apple ? Sécurité de l’usine Foxconn (produisant les produits Apple) vacillante et perméable à l’espionnage industrielle ?

Dans les deux cas, c’est une belle défaite de la "cellule IE" de Cupertino !

CSM

Sources
  • Le Figaro – TBS 31.05.2010 / 01.06.2010
  • Techni.com