jeudi 31 mars 2011

De la légitimité des « Rankings »

Dès 1885, Alexis de Tocqueville nous prévient dans son ouvrage "De la Démocratie en Amérique" que :"...les sociétés démocratiques modernes sont menacées par une dérive tyrannique d'une nature toute nouvelle qui se caractérise par l'uniformisation des conditions et des modes de pensée, par le développement d'une société de masse et par l'émergence concomitante d'un pouvoir central unique."

Ayant assisté dernièrement à une conférence organisée par le Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur de la France sur la nécessaire remise en cause du rapport "Doing Business" de la Banque Mondiale, je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement entre les discours tenus par les intervenants et cette citation de Tocqueville.

En effet, l'émergence des "rankings" et des agences de "ratings" doit nous pousser à aller voir au-delà du message officiel de celles-ci, et à aller chercher la portée sous-jacente qu'induisent de tels classement. Bien souvent, la simple analyse des éléments pris en compte pour la notation nous renseigne sur l'esprit global et sur la finalité de ces rapports.

Mais notre rôle ne doit-il pas dépasser la simple analyse et la constatation de notre mise à l'index de l'échiquier économique mondial? Ne devons nous pas aller à l'encontre de ce "pouvoir central unique" et clamer les vertus du modèle de "l'exception française"?

Certains pays luttent pour leurs libertés politiques, ayons au moins la décence de défendre les nôtres.

Antoine Hillion.

De l'Open Space à l'Open Source Intelligence

Le concept d'Open Space Management (OSM) fait son apparition en Allemagne dans les années 1950. Son modèle se base sur le système organisationnel des rédactions de presse. Il sera théorisé aux Etats-Unis par Harrison Owen au milieu des années 1980 et connaîtra une expansion rapide et soutenue. On estime aujourd'hui que près de 60% des entreprises ont recours à ce mode de management.

L'atout principal invoqué par ses défenseurs réside dans sa capacité à générer des échanges et à permettre une circulation accrue de l'information au sein d'un service. Par ailleurs, on estime un gain d'espace de l'ordre de 30% et donc un coût de gestion réduit.

La proximité physique participe également à un rapprochement des strates hiérarchiques et abolit les barrières qu'elles induisent. Cependant, de nombreux détracteurs pointent les menaces liées à ce mode de management. L'OSM accentuerait le stress par l'exposition permanente du salarié aux autres, et diminuerait la productivité à cause des "bavardages" extra-professionnels et du bruit permanent. Enfin, la suppression des barrières hiérarchiques ne serait pas qu'un avantage. (cf. "L'open space m'a tuer" A. des Isnards & T.Zuber)
L'Open Source Intelligence (ou OSINT) fait lui son apparition aux Etats Unis en 2004. Suivant les recommandations de la commission 9/11, un Open Source Center sera fondé dès 2005 sous la tutelle du Directeur National de l'Intelligence américain.

Le système organisationnel OSINT reprend les principes de l'OSM sous la forme d'une plateforme de type Web 2.0. Il intègre les outils médias et Deep Web au service de la collecte, du partage et du traitement de l'information disponible à des fins stratégiques. (Source CF2R)

Les solutions apportées par l'OSINT présenteraient donc les avantages de l'OSM tout en réduisant drastiquement ses inconvénients. Ainsi, l'information circule plus vite, est traitée de façon simultanée et peut être tracée.

Le développement des intranets, des plateformes collaboratives et surtout des "social networks" au sien des entreprises démontre bien l'intérêt que celles-ci ont à développer un outil OSINT.
Cela permet à l'entreprise d'accentuer sa réactivité et de créer des espaces de travail dynamiques (même à distance) pour répondre aux défis économiques et stratégiques auxquels elle devra faire face.

Antoine HILLION

Compte-rendu (partie 3/3) conférence "Révolution dans le monde arabe"

Vous trouverez ci-dessous la 3e partie du compte-rendu de la conférence "Révolution dans le monde arabe : origine et conséquences" organisée le 1er mars dernier par le Club Intelligence Économique et Stratégique (IES) de l'AAE IAE de Paris, en partenariat avec l’A.C.E.D.S.
Partie 3:
Préconisations sur la position de l’Union Européenne.
L'union Européenne doit faire passer un message fort aux révolutionnaires en leur garantissant notre soutien. Ce soutien étant évidemment proportionnel à la démarche des pays concernés. Cette limite est importante et nous permet de nous préparer à une éventuelle dégradation des évènements.
Ce message est essentiel car la question principale que nous posent les pays du Sud est : « Allez vous nous venir en aide? ».
La volonté est une chose, la capacité à la réaliser en est une autre. Ainsi, la proposition d’aide de Mme Ashton à hauteur de 250 millions d’euros à la Tunisie à été très mal perçue. Leurs besoins sont de 10 à 20 fois plus élevés, et la majeure partie de cette somme à été votée et affectée bien avant la révolution.
« Le verbe ne doit pas être purement déclaratoire mais accompagné d’un réel engagement. »
On s’aperçoit que l’Europe a toujours autant de mal à s’organiser sur les décisions budgétaires d’urgence. Ces décisions sont extrêmement encadrées pour des raisons évidentes de gestion, cependant, cette « techno-structure administrative » met à mal toute volonté d’agir rapidement. De plus, notre engagement auprès des pays du pourtour méditerranéen doit être considérable. Notamment en termes de soutien socio-économique, nous ne devons pas financer les projets des entreprises européennes sur place, mais bien les Etats eux-mêmes.
On sait que 22 millions d’emplois doivent être créés d’ici à 2025 pour stabiliser le taux de chômage aux alentours de 15%. Sans cette politique, la pression démographique et les phénomènes migratoires s’intensifieront. La création d’emplois sur place est le seul moyen d’éviter l’émigration, l’insécurité économique, et la déstabilisation des gouvernements concernés.
L’Europe doit se concentrer sur ce levier et investir dans les pays qui auront fait le choix de l’émancipation plutôt que de se risquer dans des projets non viables qui n’ont pas de sens réel.La coopération doit servir les intérêts européens tout en étant en accord avec la demande expresse de ces pays. Nous ne devons plus agir unilatéralement mais de manière ciblée selon les attentes des pays demandeurs.
Une fois ces choix faits, la mise en place de moyens importants est donc essentielle. L’Union doit se désengager des pays n’ayant pas eu le courage de s’élever contre la dictature et l’autoritarisme afin de libérer ses financements et les octroyer aux pays libérés.
C’est un changement radical d’état d’esprit et de comportement qu’il faut mettre en place au sein de l’Union afin de soutenir la démocratie à travers le monde.
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Antoine Hillion

lundi 14 mars 2011

La FEPIE crée un comité d'éthique pour les entreprises privées d'Intelligence Economique.

Le conseil constitutionnel a, le 10 mars 2011, retoqué 13 articles du projet de la Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (LOPPSI 2). Parmi ces articles annulés par le conseil des Sages, figure l'article 32, qui d'encadrer les activités d'intelligence économique :

« Pour la sauvegarde de l’ordre public, en particulier de la sécurité économique de la Nation et des éléments essentiels de son potentiel scientifique et économique, sont soumises au présent titre les activités privées de sécurité consistant dans la recherche et le traitement d’informations sur l’environnement économique, commercial, industriel ou financier d’une ou plusieurs personnes physiques ou morales, destinées soit à leur permettre de se protéger des risques pouvant menacer leur activité économique, leur patrimoine, leurs actifs immatériels ou leur réputation, soit à favoriser leur activité en influant sur l’évolution des affaires ou les décisions de personnes publiques ou privées. »

Le conseil constitutionnel, qui a jugé que la définition proposée de " l'intelligence" n'étant pas assez précise aurait rendu cette régulation contournable, voir dangereuse, a donc décidé d'annuler cette article de loi. Le 14 Avril 2010, le député Carayon avait déjà émis des réserves au sujet de ce projet de loi (pdf).
Afin de réguler la profession en attendant un texte de loi sur l'encadrement des activités de l'intelligence économique, la fédération des professionnels de l'intelligence économique (FEPIE) rappelle via un communiqué de presse(pdf) l'existence d'une charte éthique commune à la Fépie et au SYNFIE (Syndicat Français de l'Intelligence Economique), et signale la mise en place d'un comité d'éthique via le SYNFIE . L'objectif de ce comité "distinct du Bureau national et du Conseil d’Administration" serait de disposer "de prérogatives autonomes pour plus d’efficacité, y compris au plan des recours devant les tribunaux".

En savoir plus/sources:
Antoine Declercq

Compte-rendu (partie 2/3) conférence "Révolution dans le monde arabe"

Vous trouverez ci-dessous la 2e partie du compte-rendu de la conférence "Révolution dans le monde arabe : origine et conséquences" organisée le 1er mars dernier par le Club Intelligence Économique et Stratégique (IES) de l'AAE IAE de Paris, en partenariat avec l’A.C.E.D.S.
Partie 2: "La contagion"

La contagion est l’œuvre d’une grande diversité. La révolution tunisienne a fait bouger le monde arabe. Le mur de la peur est tombé, la population de ces pays a constaté que :
  • « les régimes autoritaires pouvaient être renversés par le peuple ». Avant la Tunisie, personne n’y croyait. Beaucoup d’exemples le montrent.
  • « L’armée peut ne pas tirer ». Ce n’était pas assuré avant l’exemple de la Tunisie.
A partir de là, les autres pays arabes avec une distribution de carte différente vont réagir.
Pour chaque pays, la revendication principale (ou facteur déclenchant), a eu deux origines différentes (voir tableau ci-après) :
  • L’emploi et le coût de la vie : Tunisie, Algérie, Egypte, Irak, Mauritanie, Bahreïn, Maroc, Oman.
  • Politique : Lybie, Jordanie, Yémen, Iran, Koweït.
Plusieurs facteurs explicatifs peuvent avoir renforcé la revendication. Ce sont les faits :
  • du chômage;
  • du développement internet;
  • de l’éducation;
  • de l’IDE (indice de développement humain).
Tunisie
L’essentiel des mouvements est lié à l’emploi et le niveau de vie. De surcroit plusieurs causes expliquent le non intervention de l’armée:
  • elle n’est pas impliquée dans l’économie;
  • elle n’attend rien du politique;
  • elle n’est pas impliquée dans le choix des leaders politiques.
La population a un manque de confiance dans le gouvernement (ministres "parachutés", déploiement massif de l’armée, ministère de l’intérieur qui est dans l’esprit des Tunisiens l’organe répressif du pouvoir passé,…)

Deux hypothèses semblent envisageables pour la suite des événements:
  • Favorable : dissolution de l’assemblée, mise en place d’une nouvelle constitution.
  • Défavorable : dégradation de la situation économique, prise du pouvoir par l’armée et retour prévisible en arrière avec un risque que la population s’oriente éventuellement vers un partie islamiste.
Algérie
L’essentiel des mouvements est lié à l’emploi et au niveau de vie. Contrairement à la Tunisie, l’armée algérienne est impliquée dans la politique du pays et dans les affaires du pays ainsi que dans son économie. On peut s’attendre a un comportement totalement différent des forces armées

Lybie
C’est une société totalement hétérogène, basée sur des rapports tribaux: on est plus dans des rapports de forces entre tribus que dans un pays homogène.

L’équilibre est extrêmement délicat car il prend appui sur un principe d’équilibre et une répartition entre les tribus. Les fondements sont l’honneur, les avantages, les intérêts économiques, les aides et soutiens financiers
Le guide dispose de moyens financiers considérables grâce au pétrole, ce qui lui permet"d’arroser financièrement" chacun. Mais il l’a fait avec disparité notamment à l’égard de la cyrénaïque qui traditionnellement est composée de tribus hostiles à celle de Kadhafi. Elle a longtemps été, et l’est encore, mal servie par rapport à la tripolitaine. Cela crée des tensions.

L’armée dans ce contexte n’est pas impliquée dans le politique mais est par contre très soumise.
Le niveau d’étude dans le pays est convenable, le développement d'internet est faible.
Ce qui est très important dans la suite du conflit, c’est la redistribution de l’argent du pétrole au niveau de la population au travers de rentes, de dons divers (maison gratuites pour les jeunes couples…). La population est assistée, les gens ne vivent pas si mal et cela amenuise fortement les volontés de changement.

L’avenir de la Lybie est incertain :
  • Si Kadhafi reste au pouvoir, des risques de représailles envers l’Europe et les EU sont envisageables. Mais c’est peu probable qu’il y arrive.
  • Le pays peut tendre vers une approche tribale de scission en deux ou trois parties (cyrénaïque, tripolitaine, le sud) avec dans le meilleur des cas une fédération ou au pire vers une lutte tribale interminable comme dit la CIA en parlant de « somalisation ».
La situation en Lybie n’est pas porteuse d’espoir...

L’Egypte
Les revendications sont liées au coût de la vie, à l’emploi. Il y a comme en Tunisie une coupure entre le monde rural et le monde Urbain. C’est un vrai problème car il crée une fracture entre les deux mondes

Mais les américains n’ont pas du tout envie de voir l’Egypte dénoncer les accords passés avec Israël. La révolution c’est bien mais avant tout « il ne faut pas remettre en questions les accords avec Israël ». Si une réelle démocratie venait à apparaitre en Egypte, il n’est pas du tout sur que le soutien a Israël perdure.
Si le gouvernement Moubarak est parti, ce sont les mêmes qui restent (l’armée). En Egypte certains affirment que l’armée rendra le pouvoir. Rien n’est moins sûr. Pour l’Egypte, la révolution a été confisquée par les militaires. Peu d’espoir donc.

La Jordanie
Comme pour l’Egypte, les américains ne sont pas désireux de voir se propager un régime hostile a Israël.

La Mauritanie
Une population est sous éduquée, pas d’internet, une armée soumise, des revendications principalement à caractères économiques.

Oman
Une monarchie, une armée soumise, d’énormes moyens financiers.

Irak
La situation est très mauvaise, la violence est omniprésente.

En conclusion

Des revendications :
  • le couple « chômage /coût de la vie » a été le principal facteur déclenchant;
  • contrairement aux idées reçues, l’accès à internet ne semble pas avoir été la principale cause déclenchante;
  • il n’y a pas de relation entre le manque d’éducation et les révoltes. Le manque d’éducation rend les peuples manipulables.
  • Il n’y a pas de relation entre l’IDE (l’indice de développement humains) et les révoltes.
L’avenir des pays est totalement incertain et dépend des paramètres de chacun des pays.

Annexe:
Pays Reven-dication principale (facteur déclenchant) Chômage 15/24 ans Situation internet Jeunes + 15 ans n’ayant pas eu accès a l’éducation IDE du CNUD
Tunisie Prix
Emploi
31% + 27%
Algérie Prix
Emploi
43%
16%
Lybie Politique
(-) 27%
Egypte Prix
Emploi


37
Oman Prix
Emploi



(--)
Irak Emploi
(-)
(--)
Jordanie Politique



Mauritanie Prix
Emploi


45
Yémen Politique
(-) 69
Bahreïn Prix
Emploi

++

Iran Politique
+

Koweit Politique
+

Maroc Prix
Emploi

+ 51%
Djibouti

(-)


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Sylvain Souchu

dimanche 13 mars 2011

Compte-rendu (partie 1/3) conférence "Révolution dans le monde arabe"

Vous trouverez ci-dessous la première partie du compte-rendu de la conférence "Révolution dans le monde arabe : origine et conséquences" organisée le 1er mars dernier par le Club Intelligence Économique et Stratégique (IES) de l'AAE IAE de Paris, en partenariat avec l’A.C.E.D.S.
Partie 1 :

« Nous sommes tous des Tunisiens et des Egyptiens »
pouvait-on lire sur le site whitehouse.gov à l'occasion d'un discours de Barack Obama le 11 février dernier.

L'Egypte, après la Tunisie, venait de basculer, sous la pression conjuguée des aspirations démocratiques du Peuple et venait annoncer une série de révoltes dans l’ensemble des pays arabes. A cela nous avons assisté dans la presse nationale et internationale à plusieurs pronostics sur les prochains pays qui devraient « tomber » et à des explications plus ou moins claires sur la nature de ces révolutions.

Pour comprendre ce qui a poussé ces peuples à se révolter et à s’opposer au système en place, la conférence organisée par le Club IES de l'AAE IAE de Paris et animé par Jérôme Bondu sur la révolution du monde arabe était très intéressante. A travers l’intervention du contre amiral Jean-François Coustillière, nous avons eu quelques éléments de réponse sur l’origine et les conséquences de ce mouvement.

Le monde arabe étant distinct et chaque pays ayant ses spécificités, une analyse plus approfondie des problématiques et des causes des bouleversements était alors nécessaire.

Cette intervention était organisée autour de trois points :
  • Les facteurs déclenchant de la révolution en Tunisie;
  • La contagion aux autres pays arabes;
  • Les scénarios à venir et le rôle que pourrait jouer l’Europe et la France.
Les origines du Mouvement et les facteurs déclenchant de la révolution en Tunisie

Au travers de son expérience en Tunisie et son analyse des témoignages de la population tunisienne, le contre-amiral Jean-François Coustillière nous a présenté une vision pertinente et plus proche de la réalité des faits.

En effet, ce dernier identifie trois principaux facteurs déclenchant la révolution en Tunisie :

1/La dégradation de la situation économique depuis 1995 avec:
  • une forte augmentation de la corruption (qui touche même la police et les gendarmes) ;
  • une augmentation du niveau de vie qui pousse les citoyens tunisiens à cumuler plusieurs emplois pour pouvoir survivre ;
  • une injustice montante avec des emplois exclusivement réservés aux proches du pouvoir ("camp" de BEN ALI et des TRABELSI). Ce qui crée au final un sentiment insupportable pour les tunisiens et un désir de révolte !
  • Une augmentation significative de la misère et des dérives économiques ;
  • une destruction du système avec un échec économique et l’incapacité du pouvoir à garantir les emplois ;
  • Et un taux de chômage important frôlant les 15% de la population ;
La dégradation économique qu’à vécu le pays ces dernières années et la montée du chômage sont bien des causes essentielles du soulèvement qui a été amplifié par une "révolte de palais".

2/ Le perte de soutien du gouvernement par les forces armées, ces dernières refusant d’obéir aux ordres consistant à tirer sur la foule et les manifestants. Cette armée dite « républicaine » est unique au Maghreb et pousse d’une certaine façon le président contesté BEN ALI à partir.

3) Le développement des réseaux sociaux et le niveau d’éducation des Tunisiens (assez élevé par rapport aux autres pays du Maghreb) sont aussi un facteur favorisant la révolte.

Le développement d’Internet a permis une mobilisation de masse. Le rôle des réseaux sociaux a été très important pour mobiliser le peuple autour d’une cause commune.


Après l’euphorie de la révolution, l’inquiétude des citoyens n’a fait qu’augmenter. Comme en témoigne l’intervenant, le sentiment qui règne aujourd’hui dans la capitale est un mélange de joie et d’anxiété.
D’autant plus que ce climat de peur est alimenté par les médias qui créent un vrai mouvement de panique. Cette panique est tout à fait compréhensible quand on voit l’issue des révolutions passées (iranienne et libyenne notamment) qui ont finalement donné naissance à un pouvoir encore plus autoritaire.

En conclusion pour cette première partie, la combinaison de ces éléments: échec économique, facteur politique, sentiment d’injustice et privation des libertés ont été l’origine de la révolution Tunisienne, qui déclencha à son tour une révolution dans les autres pays arabes : le « printemps arabe ».

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Abdeslam Mechatte

samedi 12 mars 2011

L'affaire Renault, de l'Etat et des entreprises

"L’affaire Renault" agite depuis plus de deux mois le monde des médias, du politique et de l’intelligence économique français. Elle offre ainsi la parole à toute une série d’acteurs dont le principal point commun est d’avoir dès les débuts de cette affaire parlé de "guerre économique".

Au-delà des errances d’un dossier qui tient plus de la manipulation que d’un véritable cas d’espionnage industriel, les commentaires que nous pouvons encore entendre et lire ici et là mettent en avant une vision d’affrontement d’Etat à Etat qui pourrait nous paraître quelque peu dépassée (lesechos.fr – 2011-03-07). Faut-il pour autant la rejeter entièrement ?

Dans le contexte de la mondialisation, le nombre croissant des acteurs nécessitent la formation de coalitions, ne regroupant pas seulement des Etats comme c’est le cas dans des Organisations Internationales mais une variété d’acteurs aux statuts différents –Etats, ONGs, entreprises. Relations asymétriques au sein d’un groupe plus ou moins formel dans lequel les acteurs se retrouvent autour d’intérêts communs, à court ou long termes.

La mondialisation oblige les Etats à repenser en permanence leur souveraineté et la défense de leurs intérêts nationaux. Loin d’être isolés, ils trouvent avec les ONGs et les entreprises multinationales un moyen d’influence efficace. Nous ne devons pas oublier que les entreprises, aussi internationalisées soient-elles, ont des bases nationales et représentent une projection du territoire d’un Etat à l’extérieur. L’Etat et l’entreprise doivent privilégier l’intérêt national (ne demandez pas au gouvernement indien de ne pas privilégier l’intérêt national, il ne comprendrait pas !) dans le développement d’une stratégie nationale qui aurait essentiellement pour objectif l’anticipation de l’information et non une notion trop simpliste de « guerre économique ».

Sans vouloir parler de collusion entre les Etats et les entreprises globalisées, force est de constater que les premiers, même à l’heure de la mondialisation, n’ont pas renoncé à leur statut, et je dirai même, recherchent d’autant plus à affirmer leur pouvoir que les acteurs globaux se multiplient et sont, pour certains, aussi puissants que des Etats.

L’Etat, comme cela fut souligné plusieurs fois lors de la Conférence Intelligence Economique (IE) MS IEMC SKEMA/INHESJ qui s’est tenue le 21 janvier 2011 à l’Ecole Militaire (Intelligence Economique-tendances et défis du futur), doit jouer un rôle bien plus important de producteur de normes et de régulateur des pratiques de l’IE. Notamment parce que les intérêts nationaux et ceux d’une entreprise se rejoignent en plusieurs points dès qu’il s’agit d’une stratégie de puissance. Les Etats-Unis l’ont bien compris, alors pourquoi pas nous ?

Cyril Robin

jeudi 10 mars 2011

L'internet du futur a besoin de nouvelles infrastructures de sécurité

Dans son blog "Bâtissons une planète plus intelligente", LeMonde.fr en partenariat avec IBM tentent de rapporter les grandes évolutions technologiques et sociétales qui s'inscrivent dans cette nouvelle économie de la connaissance née de la mondialisation et de l'avènement des Technologies de l'Information et des Communications (TIC).
C'est au titre d'expert en sécurité numérique que Michel Riguidel, professeur à Telecom ParisTech, nous brosse un tableau des risques liés au futur d'Internet qui s'immisce dans nos objets quotidiens, augmentant le degré d'interconnexion de tout et notre dépendance au réseau.

L'actualité donne tout à fait raison à cette remarque, à l'image des intrusions informatiques à Bercy ou les tentatives à l'Elysée et au Quai d'Orsay. Il est difficile, voire impossible, de se prémunir contre le "hacking"... et cela coûte cher, dans tous les sens du terme ! Lorsque de notre voiture à notre brosse à dents, tout sera connecté à Internet et donc susceptible d'être "piraté" par les hackers mal intentionnés, nous serons encore plus vulnérables si la nécessaire refonte du système n'a pas été engagée.

En savoir plus / sources et liens :
Clément Maufrais

vendredi 4 mars 2011

Internet : outil d'influence ou arme du pouvoir?

La crise qui s’étend dans une large partie des pays du Moyen-Orient met en avant, une fois encore, l’importance toujours croissante d’Internet, des réseaux sociaux et principalement la capacité de mobilisation de la génération « Facebook » pour décider de son avenir. La décision de l’ex-président égyptien Moubarak de tenter d’enrayer ce processus en coupant l’accès à Internet, relance le débat sur le projet de loi sur la cyber-sécurité aux États-Unis et, en France, le sujet de la gouvernance d'Internet est plus que jamais d’actualité.

Une question est posée : Internet doit-il être utilisé comme outil d’influence pour faire plier des régimes considérés comme hostiles ou doit-il être utilisé comme une arme par un pouvoir pour se maintenir ?

Si le projet de loi "Protecting cyberspace as a national asset act" , initié en juin 2010 et présenté le 15 décembre au Sénat américain pouvait trouver un écho favorable à la suite de l’affaire Wikileaks, aujourd’hui, l’idée d’un texte de loi permettant au Président des Etats-Unis de disposer du pouvoir de suspendre Internet « en un clic » (Lemonde.fr – 02.02.2011) apparaît fortement compromise.

Après l’initiative de Hosni Moubarak, les sénateurs Joe Lieberman, Indépendant, Président de la Commission de la Sécurité Intérieure du Sénat, Susan Collins (républicaine) et Tom Carper (démocrate) à l’origine de ce projet, ont aussitôt réagi en affirmant que le Protecting cyberspace act visait à « protéger les États-Unis des cyber-attaques provenant de l’étranger » (Le Figaro - 07.02.2011). « Jamais nous ne signerions une loi autorisant le président, ou quiconque, à éteindre Internet », ont-ils ajoutés (Le Monde -08.02.2011)

Paradoxalement, sous la pression des récents développements en Tunisie et en Égypte, l’administration Obama relance un débat vieux d’un an, sur la mise en œuvre d’une politique sur la liberté d’Internet (New York times - 14.02.2011) . Un budget de 30 millions de dollars serait ainsi alloué prochainement, par le Congrès, pour financer de nouvelles technologies destinées à aider les populations des états totalitaires à contourner les barrières informatiques et initier un changement démocratique.

Forts de l’expérience égyptienne et du choix de son ex-président, les officiels américains soulignent toutefois les limites de la technologie en matière de changement politique. Michael H. Posner, du cabinet d’Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat précise : « le peuple est convaincu que la technologie fera de nous des hommes libres. C’est faux, c’est le peuple qui nous donnera notre liberté ».

Internet et les réseaux sociaux aujourd’hui ont prouvé leur capacité à fédérer des milliers de personnes derrière une idée. Néanmoins, ce sont bien les hommes qui restent les acteurs principaux de leur avenir. En revanche, les récents évènements au Moyen-Orient ont souligné la fragilité du pouvoir et suscitent de nombreux débats, notamment aux États-Unis, quant à la définition même de la notion de liberté liée à l’utilisation et au contrôle d’Internet.

Si pour les uns Internet doit rester un outil majeur de l’action d’influence d’un état vis-à-vis d’un autre et doit être développé dans ce sens, il n’en demeure pas moins pour les autres une arme puissante au service des intérêts du pouvoir en place qu’il convient de maitriser totalement. Le risque est en effet important de voir l’arme créée aujourd’hui se retourner contre son créateur demain.

Pierre Tramier

jeudi 3 mars 2011

Sécurité économique - Mise en place du Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS)

Dans le cadre de son rendez-vous mensuel, le Chapitre France de l'American Society for Industrial Security (ASIS France) organise un dîner-débat le mardi 15 mars 2011 sur le thème :

"La mise en place du Conseil National des Activités Privée de Sécurité (CNAPS)".

A cette occasion, le préfet Jean-Louis BLANCHOU, Délégué Interministériel à la Sécurité privée et Responsable de la mission pour le développement de la vidéo protection au Ministère de l'Intérieur, des Collectivités Territoriales et de l'Immigration présentera exceptionnellement sa toute nouvelle équipe et introduira la soirée en apportant un premier éclairage sur ce thème.

La création de ce Conseil, validé par le Sénat en septembre 2010, s'inscrit dans le cadre défini par la Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (LOPPSI 2). Une réflexion est actuellement conduite par le Délégué Interministériel, les différentes organisations représentatives et les professionnels de la sécurité privée.

Ces discussions visent, notamment, à définir le périmètre d'action du CNAPS en matière de normalisation et de contrôle et à définir les modalités de financement de ce processus.

Saluée par une très large majorité des acteurs de la profession, cette initiative vise essentiellement, par l'harmonisation, l'optimisation et la normalisation des pratiques à accroître la qualité des prestations et de facto élever le niveau de la sécurité économique des entreprises.


Pour toute information sur l'organisation de cette soirée contactez :
Elisabeth Le Bigot, Responsable communication d'Asis France
elisabeth.lebigot@gmail.com

Pour vous inscrire : Merci de remplir le formulaire d'inscription

Dans le soucis de vous accueillir au mieux, aucune inscription ni aucun remboursement ne pourra être pris en compte au-delà du 10 mars 2011.

ASIS France (chapitre 249 d'ASIS International) est une association type « loi 1901 » dont les statuts sont déposés à la préfecture de Police (Paris). L’association rassemble des professionnels de la sécurité, principalement des Directeurs et Responsables Sécurité/Sûreté, qui souhaitent partager leur expérience. De ces échanges d’idées et de méthodes de travail, nous espérons rendre encore plus efficaces nos actions de prévention des risques au sein des entreprises. En 2010, ASIS France, chapitre 249 d'ASIS International, compte une centaine de membres actifs.
Contact : www.asisonline.fr

Pierre Tramier

mercredi 2 mars 2011

Compte-rendu de la conférence SKEMA INHESJ "Intelligence Economique, tendances et défis du futur"

Le 21 janvier 2011, le Mastère Spécialisé en Intelligence Economique et Management des Connaissances de SKEMA organisait avec son partenaire l'Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ) une conférence intitulée "Intelligence Economique, tendances et défis du futur".

La question posée par cette conférence était celle de l’avenir et de l’évolution à moyen et long termes de l’IE, en se fondant sur les trois volets de l’IE, rappelés par Claude Revel :
  • acquérir la matière première qu’est l’information et la traiter pour en faire de la connaissance opérationnelle et utile à l’acteur économique;
  • se sécuriser au niveau matériel et immatériel ;
  • savoir influencer et convaincre, le tout dans un environnement mondial.

La démarche du colloque était prospective, visant à établir des scénarii plus ou moins probables du futur.

Philippe Clerc était en charge de cet exercice en introduction. Les tables rondes étaient organisées autour des trois axes rappelés ci-dessus, avec pour chacun une question clé :
  • les nouvelles technologies de l’information sont-elles seulement de nouveaux supports ou de nouveaux paradigmes obligeant à la repenser ?
  • quelles sont les influences de demain et en quoi les enjeux géoéconomiques peuvent-ils évoluer ?
  • quelles seront les nouvelles menaces auxquelles devront faire face les différents acteurs de l'IE demain ? (Etat, territoires et entreprises).

Vous pouvez désormais consulter le compte-rendu de cette conférence sur skemaexpert.net.

Liens

Rencontrez Claude Revel lors de l'afterwork MS SKEMA Paris - 10 mars 2011

SKEMA Business School organise le 10 mars 2011 à 17h00 sur le campus de Paris La Défense un "afterwork" pour ses programmes mastères spécialisés.

A cette occasion, vous pourrez rencontrer et discuter avec Claude Revel, Responsable du Mastère Spécialisé en Intelligence Economique et Management des Connaissances (MS IEMC) et du Pôle Intelligence Economique de SKEMA.

Pour participer à cet "afterwork" vous devez vous inscrire en ligne sur le site de SKEMA.

Pour rappel, le MS IEMC, label de la Conférence des Grandes Ecoles, dont les enseignements sont désormais organisés de janvier à décembre à raison d'une semaine de cours pour 3 semaines en entreprise par mois, est depuis la dernière rentrée 2011 partenaire de l'Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ). Un certificat de l'INHESJ est délivré à l'issue du programme.

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mardi 1 mars 2011

L'Intelligence Collective : Solution pour sortir de la crise ?

Le 8e petit déjeuner-débat du Cycle Innovation & Connaissance (campus Paris - La Défense), le 25 janvier 2011, en association avec l'association des diplômés de SKEMA, m'a donné l'opportunité d'assister à une conférence portant sur la thématique : "Intelligence collective et économie du don".

Une courte vidéo valant bien mieux qu'un long discours, laissons l'intervenante elle même, Thanh Nghiem, Présidente fondatrice de l'Institut Angenius, se présenter et annoncer les divers points abordés lors de cette matinée :

Source Dailymotion skemaexpert.
"Aux autres ouvrières restées dans la colonie, l'abeille découvreuse indique, par danses, la direction des fleurs particulièrement intéressantes à butiner."
Wikipedia
Je propose, au travers de ce(s) billet(s), de vous faire partager une des "danses" de Thanh Nghiem.

Alors que nous devrions voir cette année la population mondiale atteindre les 7 milliards d'individus, se pose toujours la question de savoir comment nous pourrions mieux vivre ensemble.
En effet, le mythe d'une croissance infinie dans un monde fini a causé un dépassement important de notre empreinte écologique, où 20% de la population (parmi la plus développée) en est responsable des 80%.

Le phénomène de mondialisation de ces dernières décennies a aussi entraîné une forte augmentation de ce que l'on nomme en thermodynamique l'entropie : le niveau de désorganisation d'un système.
Ce désordre se traduit également au niveau culturel et social par une érosion progressive du sens et des valeurs, cette dernière notion étant de nos jours bien souvent confondue avec le prix.

Face à ce contexte actuel de crise aux formes multiples, la lenteur du changement est malheureusement encore et toujours d'actualité malgré l'urgence des défis en cours.
A l'image de la récurrence de plus en plus fréquente des catastrophes naturelles, ces symptômes devraient pourtant constituer des signaux forts nous amenant à revoir notre positionnement présent.

Afin d'anticiper correctement cette inévitable mutation, la réponse à ces enjeux semble bien d'induire l'intelligence à grande échelle en trouvant des solutions et des moyens permettant de relier durablement l'individuel et le collectif.

Comme l'explique notamment Daniel Tammet dans son livre "Embrasser le ciel immense", l'intelligence est une notion bien trop complexe pour que sa (tentative de) mesure soit réduite au simple quotient intellectuel ou QI.
Elle a fait et fait encore l'objet de nombreux débats sur la manière de la concevoir, ce qui montre également son caractère subjectif et multiple.


Si l'on s'en réfère à l'étymologie, le mot "Intelligence" dérive du latin inter-ligare (entre-lier) et exprime donc l'aptitude et la capacité à relier les éléments (de notre environnement et de nous mêmes).
Il peut aussi s'agir de savoir lire entre les lignes déjà tracées ce qui nécessite au préalable une certaine émancipation et liberté de penser.

L'intelligence collective est un terme apparu suite aux observations faites en éthologie sur les nuées d'étourneaux, les bancs de poissons ou encore les colonies de fourmis, de termites et d'abeilles.
Elle cherche à expliquer comment des richesses étonnantes sont produites de l'organisation sociale complexe de ces multitudes : l'expression "le tout est plus que la somme des parties" en retranscrit très bien l'essence.

Au niveau de nos sociétés humaines, le phénomène s'observe assez facilement pour des groupes de petites tailles (tels que dans une équipe de handball ou dans un groupe de jazz par exemple).
Les travaux d'Elinor Ostrom et d'Oliver Williamson, prix Nobel d'économie 2009, ont également montré que l'intelligence et l'action collective constituent une véritable solution alternative (à la nationalisation ou privatisation) au problème de la "Tragédie des biens communs".

La mise en place de modèles collaboratifs et d'une organisation apprenante fait notamment partie des principes permettant son émergence dans une population plus importante d'individus.
Une autre chose fondamentale est de créer un espace physique ou virtuel dont l'architecture soit conçue de manière à donner à ses acteurs la faculté de voir et percevoir l'ensemble de ce qui s'y déroule (Holoptisme).

Wikipedia est ainsi un exemple pionnier en matière d'intelligence collective, de part son système de collaboration et de cooptation non pyramidal basé sur la vérifiabilité plutôt que sur une vérité érigée en absolu.


Sources et liens :

Damien Boisbouvier

Billet édité le 30.05.2011 : Ajout du nuage de tag, Modifications et ajout de liens hypertextes, Ajout de contenu sur la tragédie des biens communs