Christine Lagarde, Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, a ouvert la conférence sur l'impact des crises monétaires sur notre quotidien tant au point de vue personnel qu'à celui de nos entreprises. Elle a présenté les trois sujets de réflexion soumis par le Président de la République pour une meilleure stabilité internationale :
- 1/ comment réformer l'actuel système monétaire international, avec quels acteurs.
- 2/ comment améliorer le système de fixation des prix des matières premières (pétrole, gaz, produits agricoles, etc.) et des nouveaux marchés (quotas d'émission de CO2, etc.).
- 3/ la gouvernance mondiale : problème de la légitimité, crédibilité du G20 remise en cause, etc. Créé suite à la crise de 1997, peut-on encore dire que le G20 sert la cause commune, les pays en développement ? Ne pourrait-on pas imaginer le G20 comme un point de rapprochement entre les grandes institutions (FMI, ONU, Banque mondiale, etc.), avec une meilleure représentativité de tous ?
Puis est intervenu Michel Camdessus, gouverneur honoraire de la Banque de France, ancien Directeur général du Fonds Monétaire International. Soulevant la difficile question de la définition de la gouvernance, il a souhaité proposer un certain nombre d'"instruments" qui soutiendraient des actions communes efficaces pour l'organisation monétaire et financière mondiale. La question qu'il pose est la suivante : "Quel nouveau type de fonds mondial a-t-on besoin ?" ou comment adapter les institutions actuelles au monde actuel.
- Le FMI devrait avoir un mandat élargi, et surveiller la sphère financière en plus de son rôle monétaire.
- Il serait nécessaire d'avoir une discipline collective, une sorte de "surveillance" pour s'assurer que les règles du jeu sont respectées par tous. M. Camdessus met en garde contre deux pièges, que sont les inégalités de contraintes entre les pays qui utilisent le fonds et les autres, et le non-suivi des actions communes par le pays émetteur de la monnaie mondiale. Il préconise ainsi une surveillance par les pairs, car il est difficile de sanctionner, le regard des autres pays étant la sanction la plus efficace. A l'inverse, les "bons élèves", c'est-à-dire les pays appliquant le diagnostic et les prescriptions de la gouvernance mondiale, auraient droit aux financements nécessaires et à des conditions assouplies.
- Devant la difficulté à évoluer vers un marché des changes fixe, il serait nécessaire de mettre au point un système mixte d'encadrement des monnaies (floatting / fixe), ainsi qu'un nouveau moyen d'orienter les marchés.
- Le prêteur de dernier ressort devrait avoir des moyens. Ce devrait être quelqu'un pouvant émettre de la monnaie exceptionnellement et dans les proportions nécessaires à la situation. Le problème actuel est que le pays émetteur de la monnaie mondiale peut se libérer des problèmes de monnaie, mais peut également être à l'origine d'une inflation importante, impactant l'économie d'autres pays.
- Un dispositif d'observation des liquidités mondiales devrait être mis en place pour éviter les sur-liquidités. La structure monétaire mondiale pouvant émettre ou éponger de la liquidité mondiale pourrait être le FMI si une adaptation de ses fonctions et de ses moyens d'action est faite.
- Il pose d'abord le problème de la représentativité au pouvoir du FMI : certains pays sont sur-représentés quand d'autres sont sous-représentés. Par parenthèse, au G20, 160 pays ne sont pas représentés et ne veulent pas qu'on décide à leur place: pourquoi ne pas envisager un regroupement des pays par circonscription, et chacun siègerait à tout de rôle au G20.
- Le pouvoir du G20 ne repose sur rien, ses recommandations ne passent pas directement dans le droit positif. Il devrait être associé au FMI pour gagner sa légitimité.
- Le FMI est perçu comme technocratique. Le dernier mot devrait être fait par les politiques (au pouvoir décisionnel directement) et non par le Comité de consultation comme cela se fait aujourd'hui.
- Les banques centrales devraient être plus présentes au sein du FMI.
Aujourd'hui on observe un fort déficit dans les quantités allouées à l'aide au développement. Et l'aide allouée est de plus en plus souvent liée à des contrats (accords bilatéraux et non plus multilatéraux). L'efficacité de cette aide est donc moindre et cette situation de dérive handicape gravement la gestion de l'aide au développement.
Par ailleurs on peut également noter des problèmes de coordination entre les donateurs : l'OCDE gère le suivi et l'allocation des ressources à l'échelle mondiale, et sur le terrain, ce sont les agences bilatérales de développement qui sont en charge du suivi. Mais cette répartition des tâches n'est pas optimale et l'aide finale apportée n'est pas la meilleure possible. La distribution des projets pourrait être améliorée si la prise en charge des demandes était faite différemment.
Il est difficile de définir des "modèles" d'aides, car chaque demande est singulière et possède des caractéristiques et impacts qui sont propres au pays (politiques en place, accords nationaux, etc.). Beaucoup de choses sont impliquées dans chaque demande.
Finalement, il faudrait, selon M. Bourguignon, une forte volonté politique par le G20 pour une gouvernance mondiale efficace.
La vidéo de la conférence : http://www.touteconomie.org/index.php?arc=v29
La vidéo de la conférence : http://www.touteconomie.org/index.php?arc=v29
Cynthia Coll
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