Consulter la première partie.
Face à la multitude de connexions que nous possédons, il est clair que nous décidons rarement de manière isolée et objective. A l’inverse, nous avons de plus en plus tendance à systématiquement nous référer aux autres.
Ceci s’explique notamment par l’« infobésité » à laquelle nous sommes de nos jours confrontés et qui nous amènent à adopter de nouveaux comportements afin de contre balancer nos incapacités (cognitives et temporelles) à tout traiter et mémoriser.
En effet, les incertitudes liées à ce flux grandissant rendent plus compliqué la collecte et l’analyse des informations par les individus et peut entrainer en conséquences des difficultés en termes de choix à faire et d’actions à mener.
Nous utilisons alors notre réseau de relations pour nous aider à nous guider dans nos prises de décisions, en partant du principe que celui ci possède la connaissance utile qui nous fait défaut (ce qui replace l’humain dans sa position légitime vis à vis de cette dernière).
Se pose alors la question de l’influence entre personnes, qui est un phénomène plus complexe qu’il n’y paraît : L’influençabilité y est aussi importante à prendre en compte que la force d’influence (d’autant que plus le nombre de personnes donnant ses opinions est grand, moins celles ci nous touchent).
Les facteurs à considérer pour l’un des individus comme pour l’autre sont les caractéristiques leur réseau social (taille, interconnexions, flux et persistance des messages) mais également les expériences passées de chacun.
Ainsi, le rôle que les « grand influenceurs » (notamment sur le web) ont sur un groupe est surestimé : le plus gros de l’influence est au final exercé par les personnes qui font partie de notre entourage (c’est à dire les gens physiquement autour de nous mais aussi et surtout les personnes proches émotionnellement).
Cependant, quelque soit la force des liens sociaux, la confiance reste une notion centrale dans la garantie et la sécurisation des échanges d’informations. Elle est certes très présente dans nos interactions avec nos liens forts, mais également dans celles avec nos liens faibles et nos liens temporaires.
La prise en compte ou non de recommandations se fait en effet sur la base de l’identité et de l’e-reputation de la personne émettrice. Elles permettent notamment d’identifier une connaissance de la vie réelle ou encore de savoir si l’on devrait accorder sa confiance à un inconnu vis à vis des informations publiées.
Il faut toutefois souligner le fait que nous avons une identité multiple car adaptée à nos différents groupes indépendants de relations : une dimension qui, là encore, ne se retrouve pas vraiment intégrée dans les réseaux sociaux en ligne actuels.
D’autre part dans le monde réel, la portée de notre comportement en public est souvent limitée à celle du regard des gens dans le lieu où nous nous trouvons. Bien sur, ces personnes peuvent parler à d’autres de nos actions (commérages) mais ceci est peu persistant. Nous pouvons donc généralement contrôler ce que les autres savent de nous.
Dans le monde du web social, les choses sont différentes car ce qui est publié dans l’espace public devient directement accessible à tout le monde et cette fois de manière persistante. En conséquence, la connaissance que les autres peuvent avoir de nous même devient cette fois beaucoup plus délicate à gérer.
Ceci amène les gens à beaucoup plus se soucier de la façon dont ils apparaissent sur le web social et de la confidentialité de certaines leurs informations. Ainsi, gestion de l’identité et maintien de la vie privée sont des notions vitales au développement de la confiance entre les personnes et envers les réseaux sociaux.
Dans son ouvrage « Communauté et Société », le sociologue et philosophe Ferdinand Tönnies fait état de la désocialisation des individus lors de la transition de l’une à l’autre, qui s’est opérée pendant la révolution industrielle avec l’urbanisation et l’exode rural.
En effet, les différents espaces sociaux dont faisaient partie les individus était jusqu’alors superposés et reliés : ils sont devenus fragmentés, hermétiques et découplés ce qui a conduit à une faible diffusion et circulation d’information entre ces derniers.
L’arrivée d’internet et de ses réseaux sociaux a ainsi permis de réhabiliter ce partage en abolissant le frein de la distance physique. Ceci s’est traduit notamment par la création de nouveaux types de communautés, basées cette fois essentiellement sur des liens faibles.
Cependant, l’émergence récente de services tel que Google+ montre actuellement que l’espace social du web est en train d’évoluer en s’orientant vers la prise en compte de la distinction entre nos différents cercles de relations et la force des liens.
Les « outils » du monde virtuel semblent donc être en voie d’atteindre la maturation nécessaire permettant d’être « effilient » dans la gestion de notre capital social de manière harmonisée vis à vis de nos usages dans la réalité sociologique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.