La culture d'entreprise... ce qui fait de l'Intelligence Economique autre chose qu'un accident organisationnel
En tant qu'étudiant en Intelligence Economique au sein du Mastère Spécialisé Intelligence Economique et Management des Connaissances de SKEMA Business School, j'en découvre les diverses facettes au travers de la veille, le cycle de l'information, l'influence, le Knowledge Management, le Risk Management ou encore les problématiques de sécurité et de défense...
A mi-parcours de mon cursus, il est un pan qui, à ce stade, reste une interrogation; ce sont les ressorts liés à la mise en place et le déploiement de l'intelligence économique au sein d'une entreprise, et comment arriver à un maillage de ces différentes activités IE.
N'y aurait-il pas un parallèle à faire avec la conception d'André Malraux de la culture lorsqu'il évoquait que "La culture... ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers" pour affirmer que la culture d'entreprise... ce qui fait de l'Intelligence Economique autre chose qu'un accident organisationnel ?
Culture
d'entreprise, vous avez dit culture d'entreprise?
En effet, en revisitant les différentes définitions de l'Intelligence Economique, nous trouvons bien sûr celle issue du rapport Martre, qualifiant l'Intelligence Economique comme "l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques [...]. Ces actions, au sein de l’entreprise, s’ordonnent autour d’un cycle ininterrompu, générateur d’une vision partagée des objectifs de l’entreprise. » (in Le rapport MARTRE, œuvre collective du Commissariat du Plan intitulée « Intelligence économique et stratégie des entreprises », La Documentation Française, Paris, 1994).
Quid du contexte préalable nécessaire à la mise en place de ces actions et ensuite leur coordination?
Puis vient la définition l'ADBS « L’intelligence économique est constituée par l’ensemble des concepts, des outils, des méthodologies et des pratiques permettant de mettre en relation, de façon pertinente, différentes connaissances et informations dans la perspective de la maîtrise et du développement de la dynamique économique. Cette mise en relation implique en particulier : – une mobilisation des hommes ; – un traitement et une analyse de l’information et de la connaissance orientés vers une finalité opérationnelle ; – une circulation efficace des informations et des connaissances au sein des organisations concernées. » Ici on effleure du doigt que la mise en place de l'intelligence Economique nécessite notamment une "mobilisation des hommes". La question en suspens est donc : comment mobiliser les hommes?
De plus, Gabriel Colletis, un des trois pères fondateurs de l'AFDIE, fait référence à l'IE comme la "capacité [d'une entreprise] à combiner efficacement les réseaux et compétences extérieures en vue de résoudre un problème productif inédit." Cette capacité ne serait elle pas inscrite dans ce que Christian Laure et Pascal Jouxtel nomment l'ADN de l'entreprise dans l'article Le Cercle Les Echos du 05/062012, ADN : la clé cachée de la réussite stratégique? Ce que nous nommerons aussi sa culture organisationnelle.
Pas d'intelligence
économique sans une culture d'entreprise favorable?
Toute entreprise ne serait ainsi pas apte à mettre en place et à déployer un système efficace d'intelligence économique. Il faudrait au préalable qu'elle ait une culture adéquate? J'entends par culture "[ce qui] caractérise l'entreprise et la distingue des autres, dans son apparence et, surtout, dans ses façons de réagir aux situations courantes de la vie de l'entreprise comme traiter avec un marché, définir son standard d'efficacité ou traiter des problèmes de personnel." (Thevenet M., in La culture d'entreprise, PUF, 2010).
Ainsi, Pascal Jouxtel rappelle qu' "avant tout tournant stratégique, il est important d'identifier quels sont les mythes fondateurs, les codes, les obligations et les interdits en vigueur dans l'organisation. Cela évite que nombre de stratégies de rupture ne tournent en longs déchirements ou, pire, en échecs" (in LesEchos 24/04/2012, Pour préparer le changement, essayer l'introspection).
Du coup, je partage la vision de Jérôme Bondu quand il exprime sa vision du consultant en Intelligence Economique et de le comparer à un médecin: "Le système immunitaire du malade existe mais il est déficient, le médecin vient seulement le renforcer. De même après avoir établi son diagnostic, le consultant en IE vient revivifier la gestion des informations dans l’entreprise, en optimisant sa collecte, son traitement, et sa diffusion. Il n’y a pas de remède miracle. Il faut bien comprendre de quoi souffre l’entreprise pour apporter la bonne solution".
Pour autant, la cause racine pourrait être plus profonde, c'est à dire être liée à l'ADN même de l'entreprise; ADN qui serait incompatible avec la mise en place d'un système IE. Par incompatibilité, il faut comprendre une culture d'entreprise ne privilégiant pas la communication et le partage entre les acteurs, ou encore ne motivant pas les collaborateurs pour obtenir les consensus nécessaires... En effet la culture d'entreprise "entraîne aussi certains côtés négatifs, certaines limites, si elle n'est pas suffisamment prise en compte. C'est le cas d'une culture d'entreprise trop forte, qui peut mener les membres de l'organisation à une myopie envers le marché. Une "culture du succès" pourrait ainsi inhiber certains réflexes de survie et entraîner l'entreprise dans des projets dangereux pour son avenir".
En définitive, il faudrait, avant tout chose, comprendre l'organisation sous les différents angles définis par
M. Thevenet : "l'ensemble des valeurs partagées, rites, mythes, symboles et [son] histoire" dans le cadre d'une mise en place ou d'un audit d'une IE. C'est en ce sens, qu'A. Poncier suggère d'utiliser le modèle 7S de Mc Kinsey pour évaluer la performance d'une l'IE; modèle dont la grille d'analyse est fondée sur 7 éléments interdépendants : la structure de l'organisation, sa stratégie, ses systèmes (processus), les valeurs partagées, les savoir-faire, les ressources humaines, le style de management.
Et de conclure que le déploiement d'une Intelligence Economique au sein d'une entreprise ne pourra pas se décréter, et ne pourra pas être du clé en main, car les 4 éléments dits soft ou culturels (valeurs partagées, savoir-faire, ressources humaines, style de management) détermineront toute sa spécificité.
Source Wikipedia |
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