S’il est bien un secteur d’activité où l’information tient une place prépondérante, c’est le secteur financier. La priorité dans l’acquisition d’une information valide et pertinente, rythme quotidiennement le pouls de la finance et a généré la fortune des agences de presse spécialisées tels que Bloomberg L.P. et Thomson Reuters.
Sous ce regard, l’intelligence économique semble y trouver une voix royale pour s’imposer et s’affirmer comme une discipline spécifique à haute valeur ajoutée. D’ailleurs, n’est-ce pas le propre de l’intelligence économique que de fournir une information cohérente, valable et spécifique en primeur?
Information qui, si elle réunit ces trois critères, entre pleinement dans le processus de gestion/anticipation des risques. De toute évidence, l’intelligence économique est vouée à supplanter le processus d’acquisition de l’information financière actuel ou, tout du moins, à le compléter en l’enrichissant et à optimiser la prise de décision d’investissement. Dans un tel processus, la quantification de l’intelligence économique, matière des plus immatérielles, se concrétiserait, en flux tendu, en avantage compétitif matérialisable et quantifiable.
Mais il n’en est rien ! Force est de constater que les pratiques d’intelligence économique peinent à percer dans le monde de l’information financière et des processus de décisions d’investissement. La problématique demeure à connaître les faiblesses qui bloquent cette discipline.
En vue "inside" bancaire, l’intelligence économique pèche par son image. En effet, les connotations et adjectifs qui s’y attachent, tel que l’espionnage économique, sont très clairement des freins dans une industrie mise à mal depuis trois ans. Dans cette logique, on observe que le "label intelligence économique" d’un collaborateur est un frein même à cette pratique. En effet, le fort rapprochement de ces praticiens et formations avec des instances gouvernementales, tel que le HRIE (Haut Responsable à l'Intelligence Economique) ou son remplaçant pour ne citer que lui dans le cas de la France, accentue le doute face au secteur privé.
Ainsi, la crainte majeure étant, dans le secteur financier, d’accueillir en son sein un membre plus loyal envers une institution publique et ses intérêts, qu’envers l’entreprise. Autrement dit, "une taupe".
Quelques exemples particulièrement récents renforcent cette suspicion. Dont notamment, l’affaire d’Hervé Falciani, employé d’HSBC Switzerland ayant transmis des listes de données-client au Fisc français durant l'été 2009. Certes, ce dernier n’est pas issu de l’univers de l’intelligence économique. Toutefois, sa démarche est précisément celle crainte d’un acteur du domaine. On se rend compte, dans la pratique, que l’intelligence économique se fait connaitre et accroît sa visibilité. Son efficacité et son usage gagne en reconnaissance malgré tout. Ainsi, nous retrouvons des pratiques d’intelligence économique dans la banque mais non impliquées aux métiers. Ces pratiques, se répandent de plus en plus, au moment du recrutement et du suivi des collaborateurs par l’organe de sécurité de la banque. Cet organe s’assurant du passé, de la véracité, des motivations d’un postulant, d’une carrière ou d’un curriculum vitae, ceci afin d’accroitre la confiance et le niveau d’accès aux données d’un collaborateur.
En termes d’appréciabilité, l’intelligence économique apporte là sans nul doute une réelle plus-value. Mais elle demeure cloisonnée à ses domaines d’activités « traditionnels » : renseignements, sécurité et minimisation des risques physiques. Mais, elle ne parvient pas encore à franchir ses frontières pour s’épanouir dans la dimension de l’analyse financière.
L’universalisation et le déploiement de l’intelligence économique dans le secteur privé passera-t-il pas un divorce avec l’institutionnel ?
CSM
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