Joseph S. Nye, Jr. source |
Le Soft Power de Joseph Nye
L'idée
de «Soft Power» est apparue pour la première
fois en mars 1990 dans l'article «The misleading metaphorof decline» de Joseph Nye. Nye répondait aux thèses
«déclinistes» de l'époque, présentées par Paul
Kennedy. Ensuite, il a conceptualisé ce «Soft Power»
dans le livre «Bound to Lead».
Joseph
Nye est professeur à l’université de Harvard, expert à CSIS (Center for Strategic & International Studies), ancien
adjoint au sous-secrétaire d'état sous l'administration Carter
(1977-1979), ancien président au National Intelligence Council
(1993-1994), ancien secrétaire adjoint à la Défense sous
l'administration Clinton (1994-1995) et président du groupe
nord-américain au sein de la Commission Trilatérale. Nye a
développé avec Robert Keohane, dans les années 70, le courant
théorique néolibéral et le concept de «complex interdependence» (pdf) (les phénomènes d'interdépendance et
les relations transnationales) dans le domaine des relations
internationales.
Le
Soft Power, «La puissance douce» en français,
correspond au pouvoir d'attraction et de séduction. Selon Nye, le
Soft Power est la capacité d'obtenir ce qu'on veut par
l'attraction plutôt que par coercition ou récompense. L'idée du
Soft Power existe depuis toujours (cf. l'art de la guerre de Sun Tzu (pdf))dans la politique internationale : la puissance
du pays se fait par la force militaire et économique, Hard Power,
et la puissance pour bouger et influencer l’opinion publique, Soft
Power. Nye l’a développé comme concept de politique
étrangère, et depuis la parution en 2004 de son livre «Soft Power : Means to Success in World Politics», les
diplomates, les universitaires et les économistes n’ont pas cessé
de débattre sur ce sujet.
Puissance
Nye
définit en premier lieu ce qu'est la puissance (Power). Il expose
que la puissance est comme le temps (météo), tout le monde en
dépend et en parle, mais peu le comprenne. C'est aussi comme
l'amour : quelque chose qu'on ne peut ni définir, ni mesurer, mais
réel. La puissance est la capacité de produire le résultat que
l’on veut, mais aussi la capacité d'influencer le comportement des
autres pour obtenir le résultat désiré. Pour cela, il y a
plusieurs voies : exercer des pressions par la menace, donner une
récompense, ou attirer ensuite coopter.
Nye
qualifie la politique internationale actuelle comme une partie
d'échecs en trois dimensions. On peut gagner si on joue
horizontalement aussi bien que verticalement. La plus haute partie
de l'échiquier est celle des relations militaires traditionnelles
inter-étatique où l'hégémonie américaine unipolaire existe
encore. Mais, dans la partie centrale qui concerne les relations
économiques internationales (commerce international, l'anti-monopole
ou les régulations financières), les Etats-Unis ne peuvent plus
obtenir ce qu'ils veulent sans consentement de l'UE, le Japon, la
Chine et les autres. Dans cette partie, la distribution des
puissances est multipolaire. Enfin, la partie la plus basse de
l'échiquier est transnationale, là où se croisent les problèmes
de terrorisme, les crimes internationaux, le changement du climat, la
propagation de maladies contagieuses. Ici, la puissance est largement
dispersée et désordonnée entre les organisations étatiques et
non-étatiques. Nye affirme que beaucoup d'hommes politiques ne
s'intéressent qu'à la partie haute de l'échiquier, c'est-à-dire
aux sujets militaires, et qu'ils ne jouent que dans une seule partie
de l'échiquier alors que le jeu est en trois dimensions. A long
terme, c'est une stratégie perdante, parce qu’obtenir les
résultats favorables dans la partie la plus basse, transnationale,
nécessite l'utilisation du Soft Power.
Le
Soft Power est la puissance qui rend les autres envieux
d’obtenir les mêmes résultats que nous; cela se réalise
plutôt par la cooptation que par la force ou la pression.
Il
s'appuie sur la capacité à former les préférences des autres.
Dans la vie privée de chacun, nous connaissons la puissance de
séduction et d'attraction. Dans le monde des affaires, les chefs
d'entreprise et les cadres compétents savent que pour obtenir un
meilleur leadership, il ne suffit pas de commander, mais il faut
montrer l'exemple et attirer les autres vers ce qu'ils veulent. Il
est difficile de diriger une grande organisation seulement par les
ordres. Les salariés doivent adhérer aux valeurs des dirigeants.
Les leaders doivent partager des valeurs que les autres acceptent et
admirent.
Le Soft Power et Hard Power sont reliés. Les deux partagent le même objectif d'arriver à un but en influençant les comportements des autres. La différence entre les deux, concernant la nature des comportements ou la tangibilité des ressources, est relative à la question de degré : dominer ou commander (la capacité de changer leurs comportements) peut se faire par la coercition ou l'incitation. Coopter (la capacité à former et cadrer ce que les autres veulent) peut se faire par le charme de la culture ou par des valeurs.
En savoir plus :
Puissance (traduit à partir du tableau p.8 "Soft Power" Joseph Nye) |
Le Soft Power et Hard Power sont reliés. Les deux partagent le même objectif d'arriver à un but en influençant les comportements des autres. La différence entre les deux, concernant la nature des comportements ou la tangibilité des ressources, est relative à la question de degré : dominer ou commander (la capacité de changer leurs comportements) peut se faire par la coercition ou l'incitation. Coopter (la capacité à former et cadrer ce que les autres veulent) peut se faire par le charme de la culture ou par des valeurs.
En savoir plus :
- Power & Policy : Belfer Center for Science and International Affairs, Harvard Kennedy School
- Joseph Nye, The Future of Power, Public Affairs, New York, 2011
- Joseph Nye, The Decline of America's Soft Power, Foreign Affairs, mai-juin 2004
- Joseph Nye : Soft Power Skills (vidéo)
- Joseph Nye, Soft Power, Hard Power and Leadership(pdf)
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